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[Chroniques] Battlefield

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Message  Leuch Dim 1 Juin - 16:22

Une noire fureur s'est emparée d'EZ3kiel. Les 3 tourangeaux (passés depuis à 4, avec l'arrivée d'un multi-instrumentiste), nous avaient laissé en plein songe avec les berceuses de Naphtaline, et plein d'incertitudes sur leurs perspectives musicales mais ce n'était qu'un écran de fumée car Battlefield signe le retour d'un groupe définitivement inclassable, passant de musique down tempo à un rock indus brûlant et torturé. L'esprit de Versus (leur disque live) n'est pas loin, reconnaissable dans la rage et l'intensité des morceaux qui peuvent s'emparer de vous sans prévenir. Les contractions sont peut être moins flagrantes mais les développements sont beaucoup plus travaillés (" Break or Die "), les morceaux évoluant sans cesse, tournoyant et digressant, ici dans une liesse sauvage, là dans un calme onirique. Toujours proche de la rupture. Juste entre puissance et fragilité.

Au niveau des guests on retrouve les DAAU, le Mc Blurum 13 et le groupe Narrow Terrence le temps du morceau " Spit on the ashes " aux effluves rock tout en retenue qui ira jusqu'à laisser côtoyer riffs de guitares et mélodies cristallines. Un contraste d'autant plus saisissant quand vous passerez du grindcore " Firedamp " à " The Montagues and Capulet ". EZEkiel se ballade sur la corde raide et nous file le vertige - au final, Battlefield révèle une pièce supplémentaire de la personnalité de ce groupe, décidément très à part, les EZ3kiel maîtrisent leur sujet et nous emmènent encore plus loin. Une réussite.

Keffren.
(Source : trip-hop.net)


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Une noire fureur s'est emparée d'EZ3kiel. Les 3 tourangeaux (passés depuis à 4, avec l'arrivée d'un multi-instrumentiste), nous avaient laissé en plein songe avec les berceuses de Naphtaline, et plein d'incertitudes sur leurs perspectives musicales mais ce n'était qu'un écran de fumée car Battlefield signe le retour d'un groupe définitivement inclassable, passant de musique down tempo à un rock indus brûlant et torturé. L'esprit de Versus (leur disque live) n'est pas loin, reconnaissable dans la rage et l'intensité des morceaux qui peuvent s'emparer de vous sans prévenir. Les contractions sont peut être moins flagrantes mais les développements sont beaucoup plus travaillés (" Break or Die "), les morceaux évoluant sans cesse, tournoyant et digressant, ici dans une liesse sauvage, là dans un calme onirique. Toujours proche de la rupture. Juste entre puissance et fragilité.

Au niveau des guests on retrouve les DAAU, le Mc Blurum 13 et le groupe Narrow Terrence le temps du morceau " Spit on the ashes " aux effluves rock tout en retenue qui ira jusqu'à laisser côtoyer riffs de guitares et mélodies cristallines. Un contraste d'autant plus saisissant quand vous passerez du grindcore " Firedamp " à " The Montagues and Capulet ". EZEkiel se ballade sur la corde raide et nous file le vertige - au final, Battlefield révèle une pièce supplémentaire de la personnalité de ce groupe, décidément très à part, les EZ3kiel maîtrisent leur sujet et nous emmènent encore plus loin. Une réussite.

Keffren.
(Source : w-fenec.org)


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Houlala que c'est moite tout ça, mais dis moi que c'est pas vrai ?

Attends, Ez3kiel est en train de tremper son gros rumsteck dans la touffe du funk, et vas y que je te boulègue tout ça sans aucune pudeur. Hop là, quand je parle de funk, n'imagine pas celui à paillettes qui gesticule comme une pile wonder au moindre regard lubrique. Nan, nan, nan, je te parle de celui qui imprime son atmosphère halitueuse dans les moindres parcelles d'air confiné. Tu vois pas ? Bon ben va t'acheter des cluques alors et revient me voir... On va dire que ce funk là il te la met doucement et le pire c'est que tu sais qu'il va te la mettre mais tu es comme anesthésié par cette angoisse qui t'excite, et d'une certaine façon, qui te rassure. Soupir...

Bref, la syncope musicale qui relie le post rock au trip hop est mince finalement et le mieux c'est d'y faire rentrer un entre deux qui apporte une transition. Si je vous dis jazz à la place de funk vous allez me dire ah oui ok, n'empêche y a du funk.

Voilà un groupe qui au fur et à mesure gonfle sa sonorité, sa densité, lui apporte un second souffle épique, comme sur "The wedding", morceau totalement somptueux de grandeur, de teneur atmosphérique. Un album où trip hop et post rock s'accouplent sur la plupart des morceaux avec un funk languide et lubrique pour un triolisme des plus pervers: un disque pour baiser. Du moins pour moi qui suis athée, sinon évidement on peut y voir Ez3kiel comme un prophète de dieu avec tout le symbolisme qu'il y a derrière, mais c'est aussi chiant qu'un dépôt de gerbe un onze novembre.

"The Montagues and the Capulets" est une reprise de la "Danse des Chevaliers" de Serguei Prokofiev, oui c'est bien mais cela n'apporte rien de plus au morceau mis à part que c'est une version un poil plus tendu.

Leur musique est aussi sombre que lumineuse, pourquoi ? Parce que les atmosphères sont poisseuses et dès qu'il peut y avoir une brèche c'est la lumière qui passe. C'est une façon de dire je souffre mais je suis en vie. C'est la difficulté à exprimer sa douleur et son espoir. C'est donner la vie en sachant qu'à tout instant elle peut s'arracher. C'est utiliser des brides de musiques cristallines pour y échoir sensibilité exacerbée et innocence. C'est distillé de sombres teneurs indus en plaquant un mur de sons blanchâtres. Si il y a une couleur qui définie la musique d'Ez3kiel sur "Battlefield" c'est le blanc. Laiteux, blême, parfois opaque surtout quand surgit cette ombre. Pénombre qui suit, sans cesse, menaçante et sournoise, qui au fur et à mesure que l'on s'enfonce au coeur de l'abîme sonore d'Ez3kiel, devient acceptable, on s'habitue à elle comme on apprivoise ses peurs, ses angoisses, ses fêlures secrètes.

Un disque ambitieux pour ce courage manifeste à ne jamais travestir ces idéaux et ces choix au gré d'un imbroglio sonore, mais bel et bien pour subvenir à bout de cet écho remplit de nos peurs et de nos désirs.

Bir.
(Source : thefrenchtouch.org)


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Un tournant.
EZ3kiel bifurque, et ouvre la boîte de Pandore.
C’est "Battlefield", l’image d’un peuple qui devra se relever après les ruines de la bataille. Babylone ne peut pas mourir.

Voici assurément, après le très fin et ambiancé projet studio / multimédia "Naphtaline" l’un des enregistrements les plus osés, physiques et ouverts de toute la discographie des Français. Sans que l’on sache vraiment comment ni pourquoi, on a l’impression qu’en ce début 2008, une mue s’opère. Caméléonesque toujours, EZ3kiel recouvre sans doute et aussi des visées plus extrêmes. "Battlefield" est un disque sur lequel pas grand-chose ne se prévoit, et encore moins qu’avant.

Tout commence par une marche qui pourrait être celle des Eléphants, un rituel lourd poussé par les cuivres au coeur d'une jungle inconnue ("Adamantium"). Mais l’exotisme ne monopolise pas le propos d’EZ3kiel. Plus largement, ce projet est celui de l’hybridation, la création d’un spectre musical dont les contours, par définition, resteront opaques. Les musiciens, équilibristes, jonglent aussi : sous le chapiteau de leur cirque se croisent les atmosphères de la fin d’un monde et un déploiement de forces qui, lui, mime le redressement d’un peuple après la bataille. EZ3kiel construit l’écheveau des pulsions, des sentiments, mime les mouvements de vie et touche à l’intime. Il vient de commettre le disque miroir.

"Battlefield" est un cachet. Il se pose sur l’enveloppe d’une croisée entre les mondes. Ses cuivres jouent l’attente, vrillent vers la stridence d’une attaque jazzy. C’est "Volfoni’s Revenge", qui poursuit la logique de marche d’"Adamantium" tout en l’épiçant au final de guitares éruptives, héritées du Rock à dimension industrielle, guitares qui se reporteront sur "Break or die". L’arrière-plan, c’est la myriade, une palette défragmentant les possibles en musique. Le désormais quatuor (intégration récente du muti-intrumentiste Stéphane Babiaud), secondé par plusieurs invités (le slammeur Blu Rum 13, Narrow Terrence, et DAAU) pose ici les trames post-babyloniennes. Celles qui, imageant la fantasmagorie, fuient les cages. Le bricolage d’EZ3kiel est celui qui nous sauvera du vide, il développe sa propre mythologie. Il porte une magie, en somme.

Les barrières entre les genres poursuivent donc un processus de dissolution. EZ3kiel se fait Démiurge, créateur d’un monde où tout se confond pour trouver de nouvelles formes, de nouvelles vies, des couleurs jusqu’ici inconnues. Hors formats, hors temps. Les reliefs de "Battlefield" ne trient ni les époques, ni les outils. EZ3kiel embrasse tout, laissant venir à lui froideurs technologiques, leçons du Rock et, en crête, de violentes pulsions l’amenant à l’exutoire Grindcore (Grindcore, oui : sur une minute et demi nommée "Firedamp"). A la fin de "Battlefield", EZ3kiel tentera l’absolu, rejoignant les affres d’un Rock Psychédélique et dont les trames planantes originelles se signèrent sous les noms de Pink Floyd ou King Crimson. Formidables progressions, vraiment, que celles de cette conclusion : "Wagma".

Tout au long de l’essai, EZ3kiel dégage un plan de travail qui ressemble à un champ de bataille. Un carnage aux mouvements très organisés, toutefois. Les éléments se dressent les uns contre les autres, pourrait-on croire. Non : il se rencontrent au fil d’un tricot sonore complexe et hypnotique. Il en jaillit de nouvelles cohérences, EZ3kiel concrétisant par le pluriel et le dégradé une dynamique d’ouverture stylistique devenue Loi de l’Art.
In fine, le quatuor renouvelle sa propre dynamique. Il étale un chrome sonore puissamment évocateur et qui se laisse moins monopoliser par l’impératif ambiant que ne le laissaient prévoir les délicatesses de "Naphtaline". Sa force orchestrale ne fait que bénéficier de cela. Les volumes reflètent des états / actions : le recueillement, via un Rap ambiant et quasi-liquide ("Alignment") ; la marche volontaire vers un ailleurs (les tendances electro-industrielles et rock d’un groove assis, le fascinant "Break or die", futur classique sur scène) ; les retrouvailles avec soi, avec l’enfance peut-être, via les corps cotonneux et scintillants de "Lull".
EZ3kiel veut tout être. Il y parvient avec brio, se posant la seule question qui vaille : celle de la musicalité, et non pas celle des genres. Il est devenu un organisme, un corps dont les fonctionnalités s’articulent et se donnent un mouvement d’ensemble. Il est dans la vie, gagnant une faculté d'autorégénération.

EZ3kiel est un mutant, une armée de musiques.

Emmanuel.
(Source : Obskure.com)


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Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Ez3kiel ne cessera décidément de nous surprendre. Barb4ry tombait comme un pavé dans la mare. Quittant les paisibles berges du dub, le groupe plongeait dans une rivière nourrie de multiples confluants, rendait par la même occasion sa musique insaisissable, inclassable, espèce d'OVNI musical dont l'originalité n'avait d'égal que la beauté. Cinq ans plus tard, c'est Naphtaline qui sort des usines. Brouillant toujours plus le chemin de l'auditeur, on ne savait trop dire s'il fallait le prendre comme signe d'une évolution plus marquée vers l'acoustique, ou d'un projet à usage unique. Il n'a pas fallu cinq ans pour y répondre.

Battlefield débarque alors qu'on a à peine eu le temps de se remettre de Naphtaline. Résolument tourné rock, il prouve que la formation n'hésite jamais à aller là où on ne l'attend pas. Chaque direction prise ne change pas le cap pour autant. La patte Ez3kiel, celle qu'il a acquise depuis Barb4ry, est toujours là. Suffit d'écouter Break Or Die pour s'en rendre compte. La continuité ne se traduit pas seulement dans la récurrence des ingrédients utilisés (batteries légèrement drillées, xylophone, violon, accordéon, et j'en passe), mais aussi par cette espèce de fil conducteur que le groupe s'est mis en tête de suivre. Naphtaline reprenait Le Lac des Signes de Barb4ry, Battlefield reprend le Volfoni's Revenge de Naphtaline. Par ailleurs, les fidèles DAAU refont une apparition sur The Montagues and the Capulets : une version très personnelle du célèbre thème de Sergei Prokofiev, celle qu'on nous sert chaque fois qu'il s'agit d'illustrer l'ancien régime soviétique.

Pour ce qui concerne les nouveautés : la guitare, qui faisait déjà son apparition sur Naphtaline, se montre beaucoup plus présente ici. Si elle conférait au précédent album une sérénité bien post-rock, elle n'hésite plus à exploser et pousse Battlefield aux frontières du rock et du métal. La trompette aussi. En solo, elle donne une légère couleur Erik Truffaz (mélange jazz - rock oblige). En choeur, on imaginerait bien Adamantium ouvrir un concert du Peuple de l'Herbe. Les références sont nombreuses. Coal Flake sonne comme un 65daysofstatic converti au folk. Wagma comme une libre inteprétation de Shine On You Crazy Diamond, des Pink Floyd ; Alignment comme un featuring de Saul Williams avec Massive Attack. D'ailleurs, Ez3kiel n'oublie pas quelques détours par le trip-hop. Avec The Wedding, c'est comme s'il tentait d'improviser sur une pièce issue de Mezzanine. Avec Spit On The Ashes, c'est comme s'il voulait pousser Tricky (je pense surtout à lui pour le duo homme/femme) à se muter en Jonathan Davis, finissant par gueuler à tue-tête un "take it from me" qu'on dirait droit sorti d'un album de Korn.

La diversité est certes une qualité, mais à force de vouloir s'essayer à tout, on n'excelle finalement nul part. C'est peut être le reproche que l'on pourrait adresser à Battlefield. On ne peut l'accuser de manquer d'identité ou de cohérence, ça c'est certain. Mais si Barb4ry ou Naphtaline exploraient un registre particulier et s'acquittaient de leur tâche avec brio, Battlefield ouvre tellement de pistes qu'il en devient une espèce de compilation d'ébauches n'arrivant jamais à la hauteur des références dont il s'inspire. En revanche, on peut saluer l'harmonie qu'il réussit à entretenir malgré ces pièces extrêmement variées, ainsi que la maîtrise des nuances dont il sait faire preuve. A la fois dans le développement de l'album : au post-rock ambient de Lull succède l'espèce de metalcore noise de Firedamp – c'est pousser l'audace jusqu'à programmer Explosions In The Sky en première partie de Converge. Mais aussi dans le déploiement des morceaux. The Montagues and the Capulets monte, gronde, et se voit flanqué d'une douce conclusion post-apocalyptique. Volfoni's Revenge, pour sa part, démarre à feux doux pour éjaculer un final néo-métal.

Assurément, Ez3kiel n'a pas perdu de son talent. Avec Battlefield, il s'en paie une bonne tranche en réunissant au sein d'un même album tout ce qui le tient à coeur. L'essai est intrépide et sa richesse lui réussit bien. Quoi de plus plaisant que d'écouter un groupe laisser libre cours à toutes ses folies sans se sentir oublié pour autant.

Tehanor.
(Source : dMute.net)
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Message  Eowin Sam 14 Juin - 1:10

CRITIQUE TELERAMA [Chroniques] Battlefield Cle_g_10


La scène dub française opère une sérieuse mutation. Après High Tone et Kaly Live Dub, de plus en plus versés dans l'électro, après Zenzile qui retourne au rock postpunk, c'est au tour d'Ez3kiel de rompre, pour de bon, avec un beat jamaïcain que Naphtaline, le conceptalbum multimédia paru l'an dernier, malmenait déjà sérieusement. Le trio tourangeau renoue ici avec ses premières amours, un rock industriel et expérimental, le plus souvent instrumental, diffusant des atmosphères inquiétantes qui jouent sur les contrastes. Aux batteries massives, héritées du heavy metal, répond un xylophone échappé d'une berceuse ; au phrasé du slammeur Blu Rum 13 succèdent des hurlements grind­core ; les cuivres morriconiens du captivant The Wedding se confrontent aux guitares tranchantes façon Pink Floyd moderne d'un Wagma volcanique...

Ez3kiel brouille les pistes. Reprend Romeo and Juliet (op. 64) de Prokofiev avec cordes et clarinette tout en s'inspirant de Nine Inch Nails. Tensions, accalmies, éruptions et sensation de saut dans le vide : on oscille entre la bande originale de film (logique quand on sait l'importance des projections - magnifiques - du bassiste Yan Nguema aux concerts d'Ez3kiel) et la mélodie enfantine pour rejeton mutant condamné à errer dans les ténèbres. A moins que ce champ de bataille soit l'illustration musicale troublante et réussie de l'univers de Jérôme Bosch...


Frédéric Péguillan

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Message  Zys Lun 5 Jan - 17:08

L'archange Ezechiel revient en janvier 2008 pour prêcher l'apocalypse, le renouvellement intérieur et la responsabilité personnelle face au péché. Ez3kiel revient pour prêcher son côté obscur. Que tous ceux qui trouvaient Barb4ry noir, comme moi, ne soient pas surpris par l'aridité des terres explorées par le trio (qui s'est fait quartet par la présence du multi-instrumentiste Stéphane Babiaud). Pour preuve, ce "Volfoni's Revenge", thème déjà abordé sur Naphtaline. Ici, tout se fait menaçant : rythmique implacable, riffs tonitruants, saxo désacordé, cuivre monstrueux. Ez3kiel veut sans doute faire contraste avec la mollesse toute relative de Naphtaline, qui fleurtait avec la douceur et la mélancolie. Le résultat est pour le moins surprenant ; le quartet s'écarte des carcans dub pour se rapprocher d'un indus agressif pour pousser parfois jusqu'au grindcore ("Firedamp", ou 1'20 d'agression sonore jamais égalée par un groupe de cet acabit). Le "Year Zero" de Nine Inch Nails n'est pas loin, pour la violence et l'état d'esprit "fin du monde".
Après les différents projets réalisés par le groupe, c'est une réelle surprise de le voir encore et encore réinventer sa musique, creuser les thèmes, redéfinir les structures et les rythmiques, le tout sans aucune difficulté apparente. Ez3kiel est devenu au cours de ces dernières années (et ça n'engage que moi) le plus grand faiseur d'ambiance en musique actuelle. Ils brassent dub, métal, fleurtent avec des thèmes hispaniques (The Wedding) et l'opéra (l'opus 64 de Prokofiev, admirablement revisité avec "The Montagues And The Capulets") le tout avec une homogénéité déconcertante. Ce qui nous donne l'impression d'avancer au long des ces petites 55 minutes, au milieu de paysages désertés, froids, au milieu d'un champ de bataille mais après la fameuse bataille justement (écoutez "Alignment"). Ez3kiel nous emmène, nous pousse à sentir, à écouter et à regarder autour de nous. On marche, comme le groupe, sur un fil. On est au bord de la rupture. Battlefield se livre. Il est délibérement contemplatif et son écoute empêche toute autre activité. Enfin un disque qui donne à rêver.

"Je suis un homme méchant... Je suis un homme malade" disait non sans ironie l'homme du sous-sol. Après avoir écouté ce champ de bataille, moi aussi.
C'est pas du jeu ; Ez3kiel surclasse déjà la production 2008.

*Exceptionnel ! 19/20*

Par Reznor.
(Source : Xsilence.net)


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Ez3kiel a toujours été un ovni de la scène dub au sens large, un ovni qui a toujours produit un son en marge, dub dans sa conception mais avec des penchants divers et variés. Des penchants pour l'electro expérimentale basés sur le thème du lac des cygnes et la musique classique pour leur dernier projet NAPhTALINE. C'est donc moins d'un an après ce projet pharaonique et onirique que les Tourangeaux remettent le couvert pour un album définitivement plus rock, comme quoi ca doit être une mode en ce moment (cf). Sans refaire toute la discographie de Ez3kiel, tout le monde sait qu'il aime expérimenter et que tout ce qu'ils sortent est d'une qualité irréprochable.
Battlefield en est encore la preuve.

Battlefield, nouvel album d'Ez3kiel offre une lumière à travers les ténèbres glacées du rock. il est clair que ce disque est relativement froid un peu comme l'est NAPhTALINE, mais dans un tout autre style proche de Nine Inch Nails, Isis ou Team Sleep (side project de Chino Moreno le chanteur de Deftones).

L'album est parsemé de grosses guitares et de basses bien lourde, à l'instar du morceau qui ouvre l'album, une ambiance lourde et pesante dans laquelle Ez3kiel affirme ou confirme son nom. La prophétie, peut être que c'est le rôle de ce groupe, leur nom nous le rappelle sans cesse en tout cas. Une musique lourde mais agréable avec des ambiances tirées de NAPhTALINE comme le deuxième morceau. Inquiétant mais à la fois, captivant ce morceau est en version complète ici visiblement remixé il vous rappellera surement les heures passé devant ces animations folles. Leur musique est toujours aussi difficile à qualifier, unique et novatrice. Le disque se poursuit au son des batteries indus et des riffs se mélangeant au saxophone alto. Atypique mélange. Tout en jouant sur l'univers de NAPhTALINE et en le dynamitant à coup de guitares et de larsen, les morceaux s'enchainent sans cesse. Tantôt des voix venues du fin fond des abysses, tantôt le chanteur de NARROW TERRENCE (découverte du Printemps de Bourges 2007) dont la voix m'a fait fortement penser à Manson. (non ne partez pas) Un superbe morceau fait avec ce groupe dont je vous conseille d'aller faire un tour sur le myspace.
La suite se fait plus conventionnelle (enfin dans le style Ez3kiel) avec des morceaux aux rythmiques destructurées, un caractère mystérieux toujours aussi présent.
Ensuite vient le meilleur morceau de l'album à mon gout:Break or die, une superbe composition mixant guitares et rythmes electro, un titre qui rappelle énormément le morceau Jah's Harcore de Handle with care. Efficace à souhait, un titre qui annonce du pogo en live et de bons sets en perspective. Une petite tuerie.
Tout le monde ce calme pour un morceau purement dans le style Ez3kiel avec un featuring avec Blu Rum 13, un titre ou le chant hip-hop se balade sur une instru minimaliste, un titre de toute beauté. On continue dans la douceur avec le titre Lull, un conte sans parole ou vous vous sentirez flotter dans un océan de formol, nageant entre les poupées et les danseuses du lac des cygnes.
Si vous êtes aller sur le myspace des Ez3kiel vous avez peut être remarqué des liens vers des groupes comme Converge (référence de la scène Hardcore, qui est aussi mon groupe de Hardcore préféré) ou From Monument To Masses ou ISIS, étrange pour une groupe comme Ez3kiel ? Non en fait pas tant que ça puisque sur la piste 9: Firedamp les tourangeaux sortent les guitares et les voix gutturales. Un morceau surement inspiré par la violence de Converge et qui n'est pas sans saveur.
Et comme chez Ez3keil on passe su coq à l'âne c'est une fin de disque très calme dans un style à la Amélie Poulain que s'achève ce disque.
Comme d'habitude Ez3kiel surprend, étonne, innove et fournit ici un album qui leur enlèvera surement à jamais l'étiquette dub qui leur a était collé dans le passé. Une petite perle comme ils savent bien le faire.

Pour finir en plus des collaborations et des inspirations que mentionnée plus haut il faut signaler la participation du grand Dj Vadim et de Reverse Engineering. N'hésitez pas à allez les voir en live, il commencent leur tournée le 07 février et ils passent partout (sauf à Paris) (les dates sont dans l'agenda).
A signaler aussi la présence d'un nouveau membre dans le groupe.

Niz.
(Source : nizetch.fr)


Dernière édition par Zys le Lun 5 Jan - 17:51, édité 1 fois
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Message  Zys Lun 5 Jan - 17:49

Goodbye Sober Day
Qu'il est loin le temps prospère de l'ère Naphtaline. Les sourires à chaque coin de rue. Les saltimbanques pleurant leurs mélodies pour seules plaintes dans notre royaume. Les enfants courant dans les chants, s'amusant à faire tinter leurs carillons et clochettes. Les parents berçant la famille entière au coin du feu en laissant courir leurs doigts sur le piano de la chaumière. Les doigts courent maintenant sur des manches d'épées. Les bras ne moulinent plus pour récolter du blé mais pour trancher des têtes. Un an à peine Naphtaline, notre royaume a rebasculé dans le conflit, la guerre, qui n'était pourtant plus qu'un lointain souvenir depuis la fin de la période Versus. Alors on se prépare à la plus grande bataille que l'on ait connu sur les terres d'Ez3kiel.

On sert les rangs, on regarde au loin, on touche le soleil avec le glaive, et on hurle, en courant vers ce maelstrom d'armure et de sang.

Intérêts politiques, pécuniers ou simple envie de tuer, rien n'explique pourquoi les peuples se sont de nouveaux embrasés. Pourquoi la colère gronde après des années si paisibles. Les signaux étaient pourtant au rouge. Le calme entraîne la tempête comme on dit. Alors on reprend les hommes des foyers. On enrôle n'importe quel gamin ayant la force de tenir une branche, si jeune soit-il. Les insoumis seront de toute façon irrémédiablement écartelés. On marche en rang, on chante, on se soutien, on se porte, jusqu'au premier champ de bataille.

Volfoni, l'une des principales têtes de la dernière guerre, avait déçu lors de son dernier combat. Trop statique, trop mou. Il pleurait encore la perte des ses plus fidèles camarades, à cause de cette erreur de jugement lors de sa complainte Naphtalinienne. On savait alors qu'il allait faire des dégâts lors de la prochaine campagne, qu'il allait avoir à coeur de meurtrir les lignes adverses comme il n'avait jamais pu le faire auparavant. Cette bataille, cette première saignée dans le coeur ennemi, c'est la Volfoni's Revenge. Le choc démarre pourtant timidement: Les deux armées se scrutent, se jaugent, dissèquent les futurs cadavres. Mais il faut courir. Vers la mort. Le ton est donné, la trompette résonne, sonnant le glas d'une existence encore trop tranquille pour les plus jeunes, qui n'ont connu que l'air Naphtaline. Un premier coup de guitare, c'est le coup de massue. Et l'explosion. Les corps qui volent, les têtes qui roulent, La rage, les hurlements, le Métal est là. On sent son odeur, encore plus présente que le sang. Les Guitares, violentes, pleuvent sans distinction. Au milieu, Volfoni éructe. Il se souvient des vieilles tactiques de son maître, devenu fou, John Zorn. Le but est clair : détruire toute âme qui vive à coup de Harpes pour métalleux bien violents, noirs, sombres, le tout sur des percées Jazzy affollées. Une tactique expérimentale certes, mais qui laisse les adversaires bouches bées. Assommés par tant de violence. Il ne reste plus rien. Notre armée Ez3kiel a développé une fougue, une violence, une rage sur ce Battlefield sans communes mesure avec les exercices précédents.

Il faut bien terminer le boulot. La formation adversaire est complètement désarçonnée, surprise, éclatée. Les soldats détalent de partout, tentent de fuir ce Maelstrom métallique qui semble tout écraser. Alors on sort les Haches. Pour couper la tête des rampants. Ouvrir le ventre des fuyards. Offrir une averse de tripes au dieu Soleil. Les bourreaux Spit On The Ashes et affluent vers la masse grouillante. Un homme est là pour guider, organiser cette lugubre démonstration. Une voix éraillée, âpre, malsaine, tout droit sortie du clan Neurosis. On sent que ce lieutenant en a d'ailleurs tiré des enseignements : La marche est émaillée d'une ambiance qui pourrait être tirée de « The Eye Of Every Storm », si l'on excepte le féminin bras droit qui donne de la voix lors des refrains, pour redynamiser les troupes.

Mais la douceur n'est pas dupe, et s'efface pour les exécutions finales. On ne distingue plus rien. La barb4ry est à son paroxysme. Le lieutenant vocifère, rentre en transe, tandis que la pluie de sang brouille les visages, sous les arceaux dessinés par des guitares électriques ultra-appuyées, prêtent à tout décimer. Violence. Explosion. Acharnement. Encore et encore.

Les troupes rentrent donc triomphantes de ces premières hostilités. On déambule sur le chemin du fort, la tête haute, les yeux embués de larmes. On regarde la lune prendre de l'ampleur dans un ciel ombrageux. Beaucoup se taisent. Glacés par tant d'excès. Mais certains sortent leurs instruments. Histoire, avec The Wedding, de fanfaronner dans le recueillement. Evident que le leader s'occupe encore de cet instrument aux cordes grondantes et sourdes. Mais on accompagne le magma métallique d'un accordéon. Les faciès restent stoïques, alors l'accordéon pleure. De tristesse, de mélancolie. Et cette ronde tourne, tourne, monte, tutoie les cieux. Les cuivres sont alors priés de s'élever. De communier. Oui, les guerriers restent stoïques, mais ils tremblent tous sous cette chape musicale belle comme la mort. Etonnant de voir ce bien sombre cortège, revenir avec autant de grâce, d'aplomb. Certains tomberaient à genoux devant tant de sublime.

Mais malgré une implacable première victoire, de retour dans son royaume, il est toujours bon de voir le vieux sage. De se rendre dans l'antre du savoir, de l'humilité, du recueillement, d'Alignement son esprit sur celui des forces de la nature. Le vieux sage du royaume, Blu Rum 13, qui a autre fois servi sous les ordres de One Self et Reverse Engineering, se terre dans une caverne de glace qui surplombe le royaume. Même les yeux fermés, il voit. Les champs de bataille, le bon vivre de la cité, les amis tombés, Les trahisons, les coups d'éclats, il voit. Alors il nous explique, tire un bilan de la situation, de sa voix grave et posée. Seulement accompagné de tintements et d'échos, réverbérations naturelles de son habitat glacé. Même les plus sceptiques sur la bonne santé mentale du prêcheur écoutent. Se taisent. Car le moment est sublime. Impose le respect. Un hip-hop gravé dans le givre qu'ils disent. Le sage nous permettra même de nous aventurer un peu plus en profondeur de sa cave, seuls cette fois, pour un moment encore plus paisible, pour plus introspection, sur Lull. Dans ces profondeurs bleutées, le souvenir de la calme ère Naphtaline n'a jamais été aussi proche.

Il est temps de repartir. Planter l'estocade finale dans une entité déjà bien entamée. Pour que la victoire soit totale, il faut user d'une botte secrète. Que l'effet de surprise ait raison de toute tentative de résistance. A dire vrai, Ez3kiel avait déjà usé d'un effet semblable pour clore en beauté, pour enterrer toute envie de rébellion en utilisant une certaine composition, « Requiem for a Dream ». Personne ne s'y attendait, Personne n'a survécu. Alors après une longue table ronde, l'armée a décidée d'adapter une très célèbre, et ancienne, tactique usitée il y a des siècles. La fameuse "Danse des Chevaliers" d'un ancien maitre de guerre reconnu : Serguei Prokofiev. La dernière entité à l'avoir utilisé fut "Roméo Et Juliette", ici renommée The Montagues And The Capulets.

A la perfection. Cela marche à la perfection. L'effet de surprise est total. L'armée d'auditeurs est restée paralysée à la première charge, estomaquée par tant de sublime. Chaque coup de rythme est immense, gigantesque. Une vraie vague déferle sur les caboches adverses. La démarche claudicante est millimétrée. Toute notre armée pose le pied sur le terrain au même moment. La terre tremble. Comme si une bête monstrueuse fondait sur vous. C'est hallucinant de beauté, de gigantisme. Et quand le ballet classique se transforme en tornade, le maelstrom humain qui se risquait à la résistance se mue en une simple motte de beurre. La plus grande attaque de notre campagne, LE morceau de choix de ce véhément Battlefield.
Pour terminer dans la furie la plus totale, on laisse nos hommes se transformer en monstre. Faire preuve de brutalité extrême. De s'abandonner dans Firedamp, à la sauvagerie, à la frénésie, à la démence. Deux minutes d'une bourrasque de chair, un torrent de Grindcore, d'étripement Hardcore. Une vraie boucherie. La réalité n'est plus qu'une notion vaine et oubliée. Seul le mal, le sang, la haine compte, fait voler en éclat toute rationalité musicale.

Le sol n'étant plus qu'un entassement de viscères, de tripes et de crânes défoncés, l'armée lâche les armes. Et s'en retourne discrètement vers leurs foyers, marchant timidement dans ce Wagma d'ossements. Murailles démesurées. Les portes grandes ouvertes, femmes et enfants chantant, criant le bonheur de retrouver leurs barbares d'êtres perdus. Alors on fait tonner les guitares, violemment, une dernière fois, pour rendre hommage à ce Battlefield qui fauchera bien des âmes. Liesse. Headbanging.

Comme tout grand conflit, s'acheminer vers Battlefield est difficile. On refuse le conflit sur les premiers instants, on veut retourner aux périodes les plus tranquilles. En se demandant comment ces dernières ont pu autant voler en éclat, comme les pages regulierement déchirées durant ce Battlefield. Il est évident que passer de l'ère Neo-Classique à l'age sombre du Métal-Rock ne se fait pas sans heurt. Mais, très rapidement, la soif de violence, de brutalité, d'agression s'installe, et l'on s'y abandonne à coeur perdu.
Pire, on s'y jette, on s'y abandonne la bave aux creux des lèvres et les yeux injectés de sang. En cherchant le peu de lumiere perlant de ce gouffre insondable.

Et l'on espère alors secretement une simple chose : Que cette guerre dure au moins 100 ans...

Dat'.
(Source : gamekult)


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« Au bord des fleuves de Babylone, Dieu choisit Ezekiel pour être son prophète. Au bord des fleuves conduisant à une noirceur sans fin. A l’inverse des autres prophètes, Ezekiel apporta alors lumière et espérance à un peuple qui se sentait abandonné, de quoi affronter le long et douloureux champ de bataille qui se dressait devant lui. »
Cette introduction figurant sur le dossier de presse a de quoi faire saliver tout auditeur qui aime l’œuvre d’EZ3kiel. En effet, moins d’un an après la sortie du formidable Naphtaline, album concept mêlant habilement image et son, le groupe tourangeau nous livre déjà sa nouvelle bataille pour l’avènement de la lumière avec Battlefield. La référence biblique d’introduction n’est pas anodine tant ce nouvel opus nous manipule dans les tourments des temps anciens avec toujours un manichéisme très prononcé, les moments de fureur laissant leur place à des musicalités plus apaisantes de grandes puretés. L’entrée sur le champ de bataille se déroule dans des conditions ténébreuses (« Adamantium ») mais la fureur ultime dans sa haine sera à mettre au profit du court morceau « Firedamp ». Plus qu’un clin d’œil au précédent album, « Volfoni’s revenge » se veut un trait d’union entre deux albums qui, s’ils ne développent pas la même musicalité, développent le même esprit. « Spit on the ashes » est marqué par la présence du chanteur/slammeur Blurum 13, un titre qui prend ainsi une tournure particulière avec ses chœurs planants à la Pink Floyd. Plus électro parfois, cet album est surtout définitivement rock, un rock ciselé avec des batteries indus (« Break or die »). « Lull » marque le calme avant la tempête, le prélude paisible qui laissera sa place à un enchevêtrement de violence et de chaos (« Firedamp »). Pour mieux souligner cette dualité et ce manichéisme permanent, EZ3kiel se permet même de reprendre « The Montagues and The Capulets » de l’opéra « Roméo et Juliette » du compositeur russe Sergueï Prokoviev. Un thème qui ne manque pas de souligner le duel à mort dans sa démesure et son incohérence. « Wagma » sonne enfin comme un happy end timide au milieu du chaos, Ezekiel ayant apporté la lumière mais le mal court toujours. Battlefield s'avère une réussite, l’appropriation d’un univers singulier par un groupe talentueux.

Lebarde.
(Source : L'auberge des korrigans)


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S’il y a un bien un groupe à part en France dans la musique électronique, c’est Ez3kiel. Pour leur nouvel album, Battlefield (qui porte bien son nom), les poulains de l’excellent label Jarring Effects continue d’imprégner chaque titre de leur étonnante inventivité. Maîtrisant de bout en bout ses compositions, Ez3kiel a réussi, encore une fois, a réaliser un album assez inclassable — est-ce du rock ? de l’électro ? du trip-hop ? ou tout à la fois ? — dont l’atmosphère autant sonore que visuelle ne pourra laisser personne indifférent. Une véritable invitation au voyage, créative, mystique, et jouissive.

David Bartoli.
(Source : 150db.com)
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[Chroniques] Battlefield Empty Re: [Chroniques] Battlefield

Message  Zys Lun 5 Jan - 17:51

Huit mois seulement après la sortie de Naphtaline, voyage mélancolique au cœur d’une boîte à musique secrètement plongée dans l’obscurité d’un temps révolu, on pourrait s’attendre, à la vue d’un nouvel opus, qu’il affirmerait la continuité d’un voyage dans le passé doux et tendre, calme et réservé, nostalgique et serein. On pourrait imaginer que les influences et la narration ascensionnelle se mêleraient dans une coordination paisible, un acheminement limpide vers le salut, la révélation d’un monde d’amertume où le temps s’arrête parfois pour délivrer une sensation de paix et de bien être spirituel. On pourrait s’imaginer une redondance des mélodies, un simulacre de nouveaux sons, une pale copie sans surprise qui recracherait inlassablement tout son flot de déjà vu… Mais ce n’est pas le cas de cet album…

Fidèle à sa réputation, Ez3kiel présente, une nouvelle fois, bien plus qu’un enchaînement de morceaux de qualité, mais un habile mélange de genres, de styles et d’influences. Battlefield révèle davantage qu’une symphonie magistralement orchestrée ou qu’une œuvre originale à la fois attrayante et déstabilisante, atypique et inclassable. C’est un univers musical parfois étrange, parfois nostalgique, parfois gargantuesque, parfois doux, parfois violent, mais toujours aussi profondément travaillé et singulier.

A l’invers de Naphtaline, résolument mélancolique et satiné, ce nouvel opus converge dans une sonorité plus brute. Comme une attente douloureuse, les pistes dressent une sensation instable où le rythme soutenu et les basses ascendantes amplifient la tension et dresse un univers vaste et contrasté. Représentation sonore d’une substance imaginaire, "Adamantium" établit l’humeur générale de l’album par une ascension progressive qui se distingue au gré des mélodies traduisant parfois une descente aux enfers, parfois le silence, puis l’inconnu, une peur pourtant agréable qui se répand imperceptiblement au fil des accords et des samples harmonieux qui s’inscrivent avec douceur pour produire cette dimension propre au groupe.

Présent sur l’album précèdent, "Volfoni" réapparaît sous une version retravaillée. Si ce n’est le thème principal qui demeure récurent, la composition, plus symphonique, plus orchestrée, présente un morceau totalement différent. La dimension d’espace prend toute son ampleur, une notion d’apaisement qui semble se profiler sous forme d’un leure mystérieux. Le rythme et l’apport de cuivre engendre une impression de ralenti, une stagnation intemporelle, comme si tout ce qui entoure la composition semblait s’arrêter. On retrouve cette impression sur des morceaux tels que "The Wedding" où un suspens s’établit autour des passages orchestrés, tel un spectateur impuissant d’un duel fantastique sous un soleil de plomb. L’association d’une apogée d’Ennio Morricone décrite par Camus et l’obnubilation maladive du soleil dans l’Etranger. Retraçant également une notion de lenteur, "Lull" perturbe les notions temporelles. Celle-ci renoue avec l’album précèdent à travers sa nostalgie et des paysages plus doux, semblable à une étendue blanche qui recouvrirait partiellement une folie omniprésente, et se rapprochant des compositions les plus apaisantes de groupes comme Godspeed You ! Black Emperor, Mogwaï, ou encore Sigur Ros.

Les titres s’échelonnent au gré de transitions minutieuses pour former un ensemble indissociable, une narration sinusoïdale, un conte sombre où monotonie et langueur ne sont pas des arguments vains. D’un ascenseur qui mène aux entrailles de la terre, dont le rythme s’articule autour d’accélérations cardiaques défaillantes, à une descente aux enfers interminable et lancinante, des images prennent forme, la musique reflète plus qu’un enchevêtrement de sons associés les uns aux autres avec maestria, mais la narration subjective d’une évasion intemporelle et indéfinissable. "Break or die" rassemble les éléments de ce type de narration contrasté. Un passage. Turbulence / Choc / Respiration haletante / Peur écarlate / Labyrinthe / Une obscurité aveuglante… qui ne cesse jamais… jamais totalement… Haut le cœur / Violence / Souffle coupé / Calme / Tempête / Rage / Dernier soubresaut ? Course effréné / Poursuite… ou poursuivis ?... Gouffre sans fond ? Et maintenant…

Parfois agressif et purement électronique traduisant un son désarticulé crachant avec amertume haine et torture, Battlefield s’articule principalement autour de compositions musicales où se greffent ingénieusement des interventions vocales, dont une collaboration avec Narrow Terance, groupe alternatif prometteur, complète l’univers musical. Le titre "Spit On The Ashes" illustre d’une voix fantomatique et torturé cette association parfaitement maîtrisée, dont les refrains rappellent étrangement les chœurs de Pink Floyd sur des titres comme "Echoes". Mais Ez3kiel mêle également les styles et les genres où des influences Hip Hop contrastent le style général de l’album pour en élargir sa dimension atypique. La saturation admirablement gérée provoque une sensation de résonance, un hurlement tourmenté, descriptif amer d’une folie ordinaire.

Naphtaline traduisait une adaptation du "Lac Des Signes" de Tchaikovsky, Battlefield s’attaque habillement à "Roméo et Juliette" de Prokokiev ("The Mantagues And The Capulet"), reprise originale où funambules et saltimbanques évoluent sous un chapiteau fantasque entre hommes bicéphales et pantins désarticulés. A mesure que le rythme s’accentue, les samples s’ajoutent aux cuivres, les violons vibrent, les sonorités éléctro saturent, les basses raisonnent. Alors que le rideau s’abaisse avec lenteur, un Mr loyal impotent disparaît furtivement annonçant le dernier acte d’un spectacle qui ne peut s’arrêter pour autant.

Alors, pour finir comme il se doit, ces géants sous psychotropes s’éveillent. Les pas lourds de ces machineries exubérantes se mettent en marche… "Wagma"… Mêlant connotations mélodiques résolument classiques et sonorités rock, ce titre incontournable conclut l’album dans une lenteur et une attente invraisemblable. Flots acides d’une écume disparate qui n’efface plus les empreintes du passé, la composition et les arrangements ravivent les résonances d’un rock psychédélique où l’ascension est toujours aussi merveilleuse et la chute toujours aussi fracassante. L’apothéose symphonique du morceau ravive ces dissonances comparables à "One Of These Days" ou "Empty Spaces" des Pink Floyd, une ambiance de live assourdissante, un éclat obnubilant, une sensation de consécration. Alors qu’un ouragan enivrant emporte les souvenirs, l’oubli s’immisce comme l’impression ambiguë et déstabilisante d’avoir rêvé. Mais était ce seulement réel ?

Une nouvelle fois, Ez3kiel livre un album difficilement descriptible, mêlé d’une narration subliminale, bordé de mélodies envoûtantes, contrasté par des passages parfois classiques et parfois hip hop, parfois rock, souvent progressif et particulièrement électro. Varié dans le mélange des genres et particulièrement à l’aise pour les associer à la perfection, le trio tourangeau surprend une nouvelle fois par son style atypique, ses influences et ses inspirations. Les passages instrumentaux dessinent une symphonie fantastique, les sonorités classiques ravivent la nostalgie, les influences électroniques donnent la réplique aux instruments anciens. Original dans sa fabrication, mais surtout unique dans sa conception, cet album dont les sonorités sont visuelles procure cette sensation inhabituelle où chaque spectateur imprimera ses propres dessins de ce conte obscure que décrit Battlefield...

(Source : albumrock.net)


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Souvent assimilé à la scène dub française bien qu'ayant toujours cultivé sa différence, Ez3kiel poursuit sa route vers des contrées qui lui sont propres, au point de désormais toucher du doigt un univers dont lui seul possède les clés. Car il faudrait revenir d'un long périple dans l'espace, ou du fin fond de la Lettonie, sans radio ni web, pour continuer à penser qu'il emprunte le même chemin que ses acolytes imperturbables de High Tone, défunts (?) de Lab, ou maintenant post punk de Zenzile. Ceux-là ont vite fait de laisser se battre les jeunes pousses entre elles, pas encore assez matures pour jouer la carte de l'originalité, pour fuir les éternelles comparaisons comme les préjugés de leur public. À l’écoute de "Battlefield", nouvel album des ingénieux Ez3kiel, aucun doute que de tous, le trio, devenu quatuor avec l'arrivée du multi instrumentiste Stéphane Barraud, a tiré la plus belle carte.

Il y a moins d'un an, l'album concept "Naphtaline", et ses berceuses baignées dans un projet multimédia, laissait déjà souffler le vent d'une nouvelle orientation, bien que très différente de ce nouvel opus alors annoncé par le groupe comme plus conventionnel. En effet, cette fois, pas de DVD ni de CD-Rom pour souligner le pouvoir visuel d'Ez3kiel. C'est la musique qui, ici, fait force de proposition en laissant l'auditeur l'illustrer à sa guise. Et la palette de choix est aussi large que "Battlefield" se montre varié, mais incroyablement cohérent, même si les couleurs proposées restent encore très sombres, que les ambiances imposées sont ténébreuses, cinglantes et glacées.

Comme ses amis de Zenzile, mais dans un tout autre registre, Ez3kiel brandit les guitares, fait sonner le rock qui est en lui, celui de Nine Inch Nails, Primus, ou Neurosis. Une option finalement peu surprenante pour qui s'est déjà montré sensible aux envolées bruitistes du groupe par le passé. Sauf que le combo parvient constamment à canaliser son énergie pour sauver "Battlefield" de la déraison, et profite à la fois d'une dynamique à toute épreuve et d'un son absolument énorme pour offrir à chaque titre toute l'ampleur qu'il mérite. Mais n'allez surtout pas en conclure au bourrage de crâne, aux acouphènes du lendemain, car Ez3kiel rameute les richesses du passé aux côtés de cette nouvelle orientation musicale pour provoquer encore plus de mouvement au sein même des morceaux.

Ainsi, pour éviter les pièges, les changements de cap sont récurrents. Du rouleau compresseur "Adamantium", entrée en matière aux cuivres empiriques, au fumant "Wagma" se clôturant sur quelques riffs hurlant leur douleur, Ez3kiel ne s'est peut-être jamais montré aussi imprévisible par le passé. Comme sur un des meilleurs titres de ce disque, l'évolutif "Volfoni's Revenge" passant, le temps de ses sept minutes, de la mélancolie poignante à un saxophone égorgé soutenu par une basse raide et claquante. Il n'aurait pourtant que trop peu de sens s'il n'était pas suivi d'autres exercices de style méritant tout autant qu'on s'y arrête: "Spit On The Ashes (feat Narrow Terence)" reprend sensiblement les mêmes bases, "Coal Flake" préfère pencher pour l'acoustique, l'electro hip hop plombé de "Alignment" rappelle sensiblement Saul Williams via le flow de Blu Rum 13, et l'intensité sous jacente de "The Wedding" (seul rappel au passé) nous berce langoureusement avant la débauche d'énergie étalée par "Break Or Die" et le grindcore de "Firedamp", entrecoupée par la douceur magique de "Lull". Mieux encore, Ez3kiel pousse le bouchon assez loin pour reprendre à sa sauce "The Montagues And The Capulets", opus 64 du "Romeo And Juliet" de Prokoviev, qu'il fait sonner comme une rencontre improbable entre la musique d'Europe Centrale de Kusturica et une déferlante sonore à la Neurosis.

2008 sonne donc comme l'heure de la mue pour Ez3kiel qui, après s'être comme auto alimenté pendant plusieurs années, s'échappe désormais de son nid pour offrir à ses hôtes un festin d'apocalypse pendant lequel il conte sa propre mythologie. Les images se bousculent alors dans nos esprits, comme impossibles à retranscrire sous peine de se voir très vite internés. Une fois encore, le groupe n'aura eu besoin que de quelques battements d'ailes pour prendre une avance flagrante sur ses plus proches concurrents. "Battlefield", plus que jamais inqualifiable, est autant une épreuve de force qu'une invitation adressées à nos émotions, y compris celles qu'on ignorait encore, à la musique au sens large. Tout simplement énorme, comme d'habitude...

Matthieu.
(Source : bokson.net)
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[Chroniques] Battlefield Empty [Avril 2008] Télérama

Message  CrAz Mer 17 Fév - 13:18

Je vois qu'il n'y a pas beaucoup de chroniques récentes.
Alors j'en poste encore une sur Battlefield, et d'ailleurs il faudrait peut être créer un topic post it pour les chroniques sur le live Collision.

http://www.telerama.fr/musiques/battlefield,27966.php
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