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[Chroniques] Barbary

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Message  Leuch Dim 1 Juin - 16:01

Souvent, lorsqu'on l'interroge au sujet de son nouvel album, le musicien à cours d'idées déclare: "J'ai voulu faire de cet album la bande-son d'un film imaginaire". Argument cliché, et non approprié dans la plupart des cas. En effet, il ne suffit pas de quelques nappes de synthé vaguement atmosphériques et de quelques samples empruntés à des films pour rendre une musique "cinématographique". Il existe néanmoins des artistes qui signent effectivement des BO de films imaginaires, à dessein ou involontairement. Le dernier album d'Ezekiel en est un bel exemple.

Barbary, titre de l'album, est aussi celui du film, dont un résumé est caché dans "Versus", le second morceau de l'album, qui suit un morceau d'ouverture fait de pianos et violons, que l'on presque considérer comme un générique. Une voix crade et légèrement distordue (Black Siffichi) énumère les grands maux du monde contemporain; en vrac et dans le désordre: police brutalities, snuff films, Soah, anthrax, Ku Klux Klan, mafia, pollution, fatwa, famine, torture, electric chair, Alcatraz, radioactivity, pedophilie, murder... une énumération de mots auxquels s'associent immédiatement des images d'horreur et de désolation, nous plongeant tout droit dans un drame glauque à la David Finsher. Les arrangements renforcent cette impression, le son est sale, les mélodies poisseuses. Une impression récurrente dans bon nombre des morceaux de l'album, notamment dans "ObSsD", break beat vicieux à la Sofa Surfers teinté de larsens et de synthés inquiétants, où l'on retrouve Black Siffichi dans un leitmotiv lancinant: "I'm obsessed"... sans parler de l'exceptionnel "Sûrement", capable de filer la déprime au plus jovial des fêtards du samedi soir.

L'utilisation d'instruments traditionnels (violons, accordéon, clarinette) inattendus dans un tel contexte, marque définitivement l'identité cinématographique de Barbary. Toujours mélancoliques, ils évoquent l'univers de Yann Tiersen, auteur de la BO d'Amélie Poulain, à cette différence près que chez Ezekiel, Amélie n'est pas la pin up joviale et philanthrope du film, mais une junkie mal lavée qui taille des pipes à la chaîne dans les terrains vagues pour sa payer sa dose quotidienne de crack, qu'elle coupe à l'essence pour en renforcer l'effet. Le morceau "Thought" est symptomatique de cette impression, où l'accordéon plaque des accords tout droit sortis de la butte Montmartre sur une rythmique dub destructurée, tandis qu'Angelo Moore rivalise avec Black Siffichi au championnat des voix glauques. Qu'on se rassure: la chanteuse Angelique Wilkie est là pour apporter un peu de douceur dans cet univers désolé, contribuant ainsi à créer un subtil équilibre qui empêche l'auditeur de sombrer complètement.

Barbary est-il un album de dub? Non, et là n'est pas la question. Le dub marque plusieurs morceaux de son empreinte ("3 rue Monplaisir", monumental), mais l'album flirte avec de nombreuses autres influences musicales, le break beat en premier lieu, mais aussi le metal ou l'electro, comme c'était du reste déjà le cas dans le premier album du groupe. La performance est d'autant plus remarquable qu'au final, malgré cet éclectisme revendiqué, tant sur le plan des sonorités que sur celui des arrangements, ce n'est pas une sensation de fourre-tout qui s'empare de l'auditeur, mais bel et bien l'impression d'une cohérence inaltérable. En cela, Barbary n'est pas un titre innocent. Par les images qu'il évoque, il cimente chaque morceau de l'album en une oeuvre unique. Incontestablement, un des meilleurs albums de 2003.

2D.
(Source : dubzone.org)


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Céleste, poignant, pharamineux, ahurissant, admirable, gracieux, magnifique, pénétrant, surprenant, limpide, sinueux, attendrissant, impressionnant, phénoménal, troublant, …
Je pourrais comme ça agrandir la liste encore et encore sans pouvoir vraiment m’arrêter, oui je pourrais … Sans aucun doute cet album et tout ce qu’il signifie pour moi ne rentre pas dans un seul et unique mot, une seule définition. Non, il ricoche avec arrogance et magnificence sur tout un tas de sentiments, de situations, d’atmosphères. Il est pluri disciplinaires, à plusieurs niveaux, des strates musicales, mais aussi d’autres dimensions… Je m’égare un peu, mais je suis troublée, sincèrement, il n’existe pas de mot adéquat, propice pour qualifier toute l’ampleur de cet opus. Perfection fourmilleuse, « barbary » est plus que de la simple musique, plus qu’un simple album, c’est un tout un Monde à part, un univers que j’aime découvrir et re-découvrir. D’ailleurs sur scène, c’est aussi tout un visuel qui rentre en compte, avec un dispositif de plusieurs écrans où sont diffusés au millimètre prés des vas et viens d’images sublimes, et en rapport direct avec l’artwork qu’on peut découvrir avec délectation sur ce digipack. Un blanc salvateur, un poupon aux milles éclats… j’en passe et des meilleurs… Etant de l’electro relativement ‘calme’ (j’appuie bien sur les guillemet), on pourrait imaginer un set de live soporifique à souhait, à peine dansant… Et bien non, au contraire, si un jour vous allez à un de leur concert préparez vous à transpirer… Car en plus d’être visuellement vraiment étonnant, ce sont des bêtes de scène, qui transportent incroyablement… Mais revenons à Barbary… je le sais, je suis absolument conquise, voire même pire, sous le charme, comme obnubilé et rêveuse à la vue d’un gourou au quel je crois dur comme fer, car il m’aura ouvert les yeux sur l’au delà. Faites attention, on ne ressort pas indemne de cet album… vraiment …

A chaque nouvelle écoute, c’est une nouvelle histoire qui commence, avec son lot de magie fourmilleuse qui s’empare de tous vos sens. Pourtant il est pas si neuf (l’album est sortit en 2003), mais que nenni. On s’évade, on se laisse bercer, cajoler, et puis réduire en poussière pour filer tel un grain de rien au vent d’une nouvelle ère. Appliqués, tout est passé au crible, tout, c’est limite indécent une telle perfection. Pas un seul micro instant ne me déplait dans cet album, tout, absolument tout, incroyablement tout, du début à la fin tout est succulent, et l’écoute est toujours aussi surprenante tellement les samples sont judicieux. Et ce n’est pas juste une seule et unique fois de temps en temps, mais en boucle que tourne cet album tellement il me transporte, tellement il est magique. Oui, voilà je cherchais un mot … ce serait peut être celui là, « magique ».

Ez3kiel, avec cet album c’est quoi au juste ? Certains les mettent dans un style « dub electro ethnique », pour diverses raisons. En tous cas, rien à voir avec le dub reggæ classique et allègre, bien au contraire, Ez3kiel a un environnement de prédilection c’est la noirceur, qu’il magnifie avec des mélodies aigres/douces, et envoûtantes, mais aussi et surtout des superbes envolées tirées d’un univers alternatif. C’est electro, certes mais avec un esprit ‘coreux’. Il y a aussi ces nappes de basses lourdes, très lourdes, mêlé à tout un tas de samples incongrus, ludiques, et sinueux aussi des fois ; un peu de chant quelques fois, qui retrace surtout des sons en tant qu’émotions qu’elles soient malsaines, ou féeriques. On notera d’ailleurs la participation d’un très grand monsieur Angelo Moore (chanteur des Fishbone) qui n’est pas pour me déplaire, et qui en plus est un morceau de toute beauté.

Que dire de plus ? Peut être que c’est le plus ‘rock n roll’ de tous les albums de dub que je n’ai jamais entendu. Et que à mon humble avis, barbary mériterait bien une place entre Aphex Twins, et Bjork dans une discothèque, même si indéniablement ça n’a rien à voir.

Barbary, c’est magique, pis c’est tout. Voilà …

Buffet Froid.
(Source : metalorgie.com)


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Dire que Barb4ry était attendu serait un peu faible. En revanche, affirmer que ce nouvel album des très prometteurs EZ3kiel n'en finissait pas d'être esperé, semblerait déjà plus coller à la réalité. Après Handle with Care, on pouvait s'attendre à quelque chose d'au moins aussi impressionnant, sinon plus. Alors verdict ?
Pas tout de suite. Ce serait trop simple, sans interêt. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut savoir certaines choses.

La première, c'est que Barb4ry comporte lui aussi son quotat d'apparitions, tant surprenantes qu'imprévisibles. A savoir : Black Sifichi, Angélique Willkie (une ex-Zap Mama), le quatuor belge DAAU, ou encore Angelo Moore (chanteur de Fishbone). La seconde, le design de l'album. Une fois de plus, c'est beau et unique. Voilà pour la forme. Place au fond.
Kika ouvre le bal de façon admirable. Courte pièce mélancolique jusqu'à l'os à l'intérieur de laquelle se mêlent avec grâce, piano et violons. Touchante et sublime introduction s'achevant avec le début de Versus. Une voix monogammique énumère inlassablement des mots suscitants la négativité et la mort, tandis qu'une autre, féminine cette fois-ci, vient prendre sa place, et tente de rétablir l'équilibre à coup de termes positifs et humains. Puis les deux entités se rejoignent et poursuivent leur monologue respectif jusqu'à la fin. Côté musique, une puissante mélodie oscillant entre grandiloquence et douceur vénéneuse se laisse porter par un groove soutenu, légèrement noisy, accrocheur et rugueux. Another semble désirer la neutralité totale avec son magma électronique très lointain, quand, subitement, tous les repères s'envolent lorsque le morceau se transforme en récital pour violons aux accents tziganes. 3 rue Monplaisir change d'horizon. Place au dub de très haute qualitée. Outre le riddim incisif et pointu, le clavier reggae et la reverb de circonstance pour ce genre musical, la vraie réussite provient de l'accompagnement. Un accordéon, un violon et une clarinette viennent insuffler une chaleur humaine inattendue et une énérgie grisante, teintée de rêve.

L'évolution du dub ? Non, tout bonnement un coup de génie. Décrire le titre qui suit peut paraître désapointant. En effet, les revirements de style se succèdent au sein même des 5 minutes de Phantom Land sans aucune nuance, où plutôt sans que l'auditeur ne se rende compte réellement que la chanson aura telle ou telle couleur de son début à sa fin. EZ3kiel tente et réalise le mix improbable de groove, d'electronica, de mélodie complexe et recherchée et, comme pour signer son oeuvre, se permet un bouquet final sur fond de rythme punk. Et tout ceci dans une cohésion déconcertante. Plus sombre, Tôt ou tard unit le downtempo et le dub. Beat machinal, chant féminin fragile, et ambiance soul-blues empoisonnée. Plus largement electro, Obssd retrouve la voix masculine et envoûtante de Versus. Expérimentations sonores, atmosphère glacial et structure résolument hypnotique. La griffe du groupe se ressent plus nettement encore durant l'éponyme Barb4ry. Basse énorme, réminiscences dub, et breaks incessants.

Plutôt hermétique et mystérieux, le ton général est tant à l'emprisonnement sensoriel qu'à la nébulosité mélodique. Très différent, Thought dérive entre hip-hop épuré et dub électro-acoustique. Groove lourd et massif avec "Sûrement", positionné entre crépuscule et clarté, entre minimalisme conceptuel et breakbeat saturé. Enfin, Akik clôt ce second opus des enfants prodiges de Jarring Effects sur une superbe symphonie hybride pendant laquelle se croisent violons tristes et sonorités méchaniques discrètes.

Le grand talent de EZ3kiel provient de son étonnante facilité à se singulariser parmi bon nombre de formations françaises actuelles. On ne peut qu'encourager la démarche, et souhaiter la poursuite de l'histoire. Barb4ry est un très bon album. Tout le reste n'est que futilité.

Yragael.
(Source : dMute.net)


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Quelques accords de piano, des violons enchanteurs, pris dans un tourbillon mélancolique, "Kika", premier et assez court titre de BArb4ry pose les bases d'un album qui s'annonce à fleur de peau, douloureux et flirtant avec les ombres d'un autre monde. La menace semble latente. Déshumanisée, implacable, la voix égrène inlassablement ses lignes de textes, évoquant souvent l'inéluctabilité de la mort : "Kamikaze, death row, tsunami..". Lentement, inexorablement, "Versus" s'enfonce dans des eaux sombres alors même que des vagues de nostalgie torturée viennent s'écraser violemment contre des instrumentations noisy et électriques. Les images s'entrechoquent dans nos tête, perturbant un peu plus notre esprit plongé dans un univers étrange, schyzophrénique et destructuré. "Another" remonte la pente, dévoilant son cocktail sonore aussi court qu'efficace l'espace d'une minute et cinquante trois secondes d'un étrange mélange d'électro minimal destructurée et de musiques traditionnelle tzigane... Etonnamment, on se rend compte qu'après trois morceaux, ce BArb4ry a complètement mis de côté les instrumentations dub/électro/rock qui faisaient la force de Handle with care. Ez3kiel y revient justement avec "3 rue Monplaisir" et son dub chaleureux, lumineux, classieux dans sa forme mais surplombé d'un violon et d'une clarinette qui viennent apporter un peu d'humanité à l'ensemble. Sans doute la patte du collectif belge DAUU venu inaugurer une longue et profitable série de collaboration entre les deux entités musicales. Poursuivant sa route sur "Phantom land" et son dub/électro groovy et hanté par une mélodie envoûtante, puis "Tôt ou tard", fulgurante association expérimentale de dub/rock fascinant et d'indus downtempo, sombre et torturé. Plongée obsessionnelle au coeur de la psychée, "Obscd" puis l'éponyme "BArb4ry" ouvrent les vannes d'un dub électro industriel aussi glacial que complexe, aussi organique que cinématographique. Breaks salvateurs, maëlstroms sonores oniriques et détonants, Ez3kiel fait s'abattre sur BArb4ry une pluie de trouvailles soniques anachroniques, de nébulosités sensorielles à nul autre pareil (le glacial "Sûrement"). Entre-temps, "Thought" a sonné le glas d'un album riche et plus sombre qu'attendu avec des instrumentations paradoxales oeuvrant entre dub hypnotique et trip-hop épuré, avant que "Akik" ne vienne définitivement clore les débats. Toujours avec la même densité sonique, la même puissance visuelle qui fait appel à notre imaginaire et prend forcément tout son sens en live...

(The) Aurelio.
(Source : w-fenec.org)
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Message  Zys Lun 5 Jan - 17:11

Barb4ry est menaçant. En même temps on ne choisit pas un titre comme celui-ci pour rien. Pour ne rien arranger, on ne fait pas appel au DAAU pour faire du Klezmer ; non mais pour alourdir un peu plus l'ambiance, qui n'est déjà pas à la fête. Après une petite intro au piano désacordé et aux machines, "Versus" nous vrille carrement la tête. Trop de mots, trop d'images mentales, pas assez d'apaisement. L'éléctro-dub d'Ez3kiel se fait plus mordant. "Another", 3ème titre, groove à souhait, on se plait à imaginer, que peut être l'album sera pas aussi noir. Mais en fait non ; au bout de quelques minutes de guitare aux sonorités bien dub, le trio nous interpelle encore ; ça frappe fort. Peut être que cela ne s'arrêtera pas. Peut être qu'il faudra s'y faire. Mais en même temps c'est tellement bon. Je me disais en voyant cette pochette, blanche, immaculée, cette tête de (de quoi d'ailleurs?) qui parait apaisée et qui me regarde comme ça, je me disais, qu'Ez3kiel allait me reserver des surprises. Mais pas un album comme ça. Pas un album avec autant d'ampleur, pas avec des machines qui font si peur ; un album noir, mais noir, comme le destin de Macbeth. Glacial.
Mais "3 rue Monplaisir" me fait sursauter. Le DAAU entre en scène, illumine tout, L'ambiance devient nostalgique ; je suis dans un bar imaginaire en train de danser une valse au rythme d'une clarinette. Finalement, je suis désapointé, parce que l'ambiance devient chaleureuse. Mais comment imaginer un mix d'autant de musiques différentes? Comment amener l'auditeur si loin sans qu'il n'execute le moindre mouvement? Comment réaliser une musique si visuelle, si "cinématique". Car "Phatom Land" m'amène du côté de chez Fritz Lang ; me demandez pas pourquoi, mais Metropolis n'est pas loin : "il faut un lien entre le cerveau et la main ; il faut le coeur". Déconcertant.
Mais alors, que dire de la violence d' "ObSsD" ou de "Sûrement"? Hypnotiques.

Oui, la musique d'Ez3kiel est hypnotique, un peu comme celle d'High Tone d'ailleurs, mais avec ce petit quelque chose de plus que je ne saurai expliquer. Un peu hors norme. Ez3kiel signe en 2003 un album important. Non pas un point de départ d'une discographie, pour l'instant parfaite (bien que courte), mais plutôt un album intemporel, qui fait fi des influences, du passé et du futur. Une sorte de point de départ pour une nouvelle scène, mais sans en être un ; des groupes comme JMPZ leur rendront d'ailleurs hommage.

Ce Barb4ry a quelque chose d'inquiétant et d'anachronique.

*Exceptionnel ! 19/20*

Par Reznor.
(Source : Xsilence.net)
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